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Les ados souffrent d'une sorte de décalage horaire

Troubles du sommeil: Les jeunes ont toujours plus de peine à s'endormir le soir et à se lever le matin. Des spécialistes s'inquiètent et prônent une réforme des horaires scolaires.

Les jeunes sont fatigués. Epuisés, même, pour certains. La Haute Ecole zurichoise pour les sciences appliquées (ZHAW) s'est penchée sur les nuits des adolescents de 12 à 19?ans. Selon un sondage réalisé auprès de 1000 d'entre eux, ils dorment quelque huit heures par nuit. Surtout, la moitié d'entre eux ne se sentent pas ou plutôt pas reposés durant la semaine.

Ces conclusions ne surprennent pas Raphaël Heinzer, médecin-chef du Centre d'investigation et de recherche sur le sommeil (CIRS), au CHUV. «Il y a une sorte d'épidémie», réagit-il. Dans sa consultation, il voit passer toujours plus de jeunes qui se plaignent de ne pas réussir à s'endormir le soir, puis à se réveiller le matin. «Ils viennent nous voir car ils ont des problèmes à l'école, explique Vicente Ibanez, responsable du Centre de médecine du sommeil aux HUG. Quand on regarde leur histoire, on découvre que leur cycle de sommeil est décalé.»

«Les ados viennent nous voir car ils ont des problèmes à l'école. Quand on regarde leur histoire, on découvre que leur cycle de sommeil est décalé»

Vicente Ibanez, responsable du Centre de médecine du sommeil aux HUG

Ces enfants devraient dormir neuf heures par jour. S'ils n'y arrivent pas toujours, la question est d'abord biologique. Durant la puberté, ils sentent la fatigue plus tard que leurs aînés. Leur horloge est en quelque sorte décalée par rapport à celle des adultes. «Des personnes se disent qu'il faut les forcer à se lever tôt. Mais en agissant ainsi, on les prive de sommeil», insiste Raphaël Heinzer.

 

Les écrans en ligne de mire

Ce retard de phase, comme on l'appelle, est encore augmenté par d'autres facteurs. Vicente Ibanez pointe du doigt les sorties du week-end: «Leur cycle de sommeil est alors modifié. Ils croient souffrir d'insomnie et pour se distraire, ils jouent avec leur tablette... Ce qui péjore la situation.» Un cercle vicieux s'installe, puisque les ordinateurs et autres smartphones sont les plus grands ennemis d'une nuit paisible. Leur lumière bleue retarde la sécrétion de mélatonine, l'hormone qui favorise l'endormissement. Il faudrait les éviter après 21?heures et les bannir de la chambre à coucher.

Ce manque de sommeil réduit la capacité de concentration. «Il peut aussi entraîner une prise de poids ou la dépression», prévient Raphaël Heinzer. Que faire pour l'éviter? «La première réponse est de modifier les habitudes, d'éviter les appareils électroniques le soir et de garder des rythmes stables», répond Vicente Ibanez. Pour cela, les jeunes doivent être motivés. «Leurs parents ne peuvent pas faire grand-chose. Les forcer ne fonctionne pas. Il faudrait plutôt éviter les smartphones chez les plus petits pour qu'ils ne prennent pas de mauvaises habitudes.»

Pour les aider, les médecins peuvent prescrire de la mélatonine le soir, puis de la luminothérapie le matin. Des programmes informatiques permettent aussi de réduire la lumière bleue des écrans. «L'association pédiatrique américaine recommande de commencer l'école après 8?h?30», ajoute Raphaël Heinzer. Des tests ont été menés à l'étranger, avec un début des cours à 9?heures. «Les résultats sont spectaculaires, assure-t-il. Non seulement les adolescents dorment davantage, mais leurs performances scolaires s'améliorent et leurs professeurs remarquent qu'ils sont plus concentrés.»

 

Vingt minutes en plus à Bâle

Cette question suscite autant de débats que d'intérêt. A Bâle-Ville, le début des cours au secondaire a été renvoyé de vingt minutes, de 07?h?40 à 8?heures. La Conférence scolaire de la Ville de Berne recommande pour sa part de ne pas lancer les leçons avant 8?h?15. La RTS, qui a révélé l'information, précise que cette nouvelle pratique sera évaluée dans un an. «Une telle solution serait logique, conclut Vicente Ibanez. A condition que les jeunes ne se décalent pas encore davantage...»

Cette mesure, toutefois, suscite encore des réticences en Europe. L'Aargauer Zeitung a par exemple relaté récemment qu'un projet avait échoué à Berne, au niveau cantonal cette fois, parce que les parents, les élèves et les profs ont exprimé des avis négatifs. Autre déconvenue à Zurich, le Grand Conseil a rejeté un postulat socialiste visant à repousser le début des cours et à raccourcir la pause de midi. L'objectif était d'alléger les transports publics, bondés aux heures de pointe, mais aussi d'améliorer les capacités scolaires.

 

(source:TDG)

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